20100726

Paris, Texas.

Il y a deux tragédies dans la vie, disait Oscar Wilde. L'une est de ne pas satisfaire son désir, l'autre de le satisfaire. J'ai déjà satisfais tant de désirs que la plupart m'ont grisé, en bien je veux dire. Du genre grisé à l'orange. Sauf que là je parle de moi. Pour la multitude, le vulgaire, le peuple, de mes désirs on s'en retourne le bocal, on s'en fiche. C'est que, me rappelant Nietzsche, il y a l'autre. Eh ouais, parce que je ne suis pas seule hélas, dans ma vie. Il y a l'autre, qu'est là souvent pour faire chier mais qu'est là quand même, qu'est là. Je me demanderais bien pourquoi d'ailleurs, pourquoi Dieu dans son infime mansuétude, n'aurais pas eu mieux à faire de se limiter à un être originel, du genre impossible à se reproduire avec lui même, sauf sur son lit de mort, pour perpétuer l'espèce. Du genre moi. Ou toi je m'en fiche. On va dire moi. Moi je vivrais bien en osmose avec moi-même et ce qui m'entoure, pas comme aujourd'hui ceux qui m'entourent. Moi je vivrais bien dans le silence, un silence profond, incommensurable bien sur. Un silence de plume, pas de plomb. Évincé, le bruit de mes petites menottes pianotant sur le clavier, évincé l'infâme bruit de l'enfer du dehors, les voisins, la résidence et ses vieux octogénaires délabrés, les passants de l'impasse qui regardent ma maison de l'air abruti qu'ont toujours ceux qui n'ont jamais vu du grès flammé en carrés de frise. Évincé enfin, l'affreux glapissement guttural, imbroglio de phonèmes sans nom ni attaches, juste assemblés les uns aux autres dans un enchevêtrement de sons, un habitus, un langage. Souvent approprié mal à propos, il y a le référent, le message, l'info et le contact, enfin pas souvent... un langage quand même. Que l'on parle sans savoir parler. Le silence. Il y en a qui disent que c'est la mort, le silence. Que ça n'apporte rien, qu'il faudrait essayer de s'y plonger, afin de justement se retrouver seul avec soi-même mais que souvent, il inquiète ou il soule. On veut s'en débarrasser car c'est dérangeant de se retrouver seul avec ses pensées. Surtout si elles sont ingrates. Ou idiotes. Ouais ben m'en fiche, moi je veux le silence. Qu'on me laisse en paix. L'autre est un être chiant à la fin, collant même. Et sa phrase phare, l'insipide "donne moi des nouvelles", me donne à moi l'envie de n'en rien faire. A fréquenter beaucoup de monde et souvent, on affectionne parfois de se retrouver seul, vraiment. Comme dans Paris, Texas.
Anja Rubik.

2 commentaires:

  1. nice picture! love anja rubik..

    xoxo tanna/tanna's closet

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  2. anya looks amazing!!!

    Amazing blog, definitely be back! :) Come follow TBAG if you fancy.

    xxx

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