20100123

à M.

Il faut que je t'écrive. Je suis entraînée avec force et contre mon gré dans une telle mouvance, une dynamique si forte et si ravageuse que ce cher Bernouilli lui même pourrait me l'envier. De toute part autour de moi les mots fusent. Et le monde était si beau, et le monde était si charmant il y a peu, que dorénavant je m'impose de méditer sur ce questionnement - Que me dirais-tu - afin que d'aucune façon je ne m'use de la sorte.
Hier la nuit était claire. Je ne suis pas venue.
Et par pudeur je n'en saurais prononcer la raison. Mais elle est simple, et tu la connais.
Je ne sais si la possibilité t'est acquise de rencontrer Charles. Baudelaire. Et sincèrement cela serait fort incongru, à y songer plus avant. Je pense que l'idée du Temps est la même pour tout le monde. Physique ou non. Quoi qu'il en soit, si l'occasion se présente, dis lui que je lui suis bien redevable. De m'apprendre certaines choses. Son enfance, pour te donner un exemple, m'a aidé à mieux comprendre une amie. Ce sont ce genre de présents qui m'attachent le plus, tu sais. Une analogie de liens invisibles s'empare de ma peau, mes sensations, brouillées ; se délecte de ma chair et son effet, loin d'être en son entier indolore, se joue de mon esprit et conquiert mon âme. Physiquement, qu'il me paraît souffrir ! Il n'en est rien. Et, si je ne devrais pas parler de "mon corps" car JE SUIS mon corps, me réprimanderait Merleaux Ponty, mon corps est un autre que moi, lui rétorquerai-je. Mon âme, M., est emprisonnée dans ce carcan dont elle ne peut se défaire. Et, si les murs de cette infâme geôle vacillent, si le carcan se déchire, Elle est condamnée. Comme tu ne le sais que trop bien. Ainsi.
Qu'il est aisé de s'afficher souriante.

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